Pour un pacte de stabilité écologique européen

Pour un pacte de stabilité écologique européen

Mardi 14 Mai 2024 à 10h38

Le 7 février 1992, les douze Etats membres de l’Union européenne signaient le traité de Maastricht, qui allait bouleverser le fonctionnement de l’Europe et de son marché intérieur.

Plus de trente années ont passé, consolidant la place de notre continent comme deuxième puissance économique du globe, mais secouant aussi parfois la confiance des citoyens dans la construction européenne. Depuis les « non » français et néerlandais à la Constitution européenne, le lien avec l’UE, sans s’être définitivement rompu, s’est sensiblement érodé.

La crise de confiance, désormais chronique, que traverse l’Union européenne se concentre sur deux points : son incapacité à traiter les enjeux essentiels pour les Européens et des politiques qui visent prioritairement à répondre à des enjeux économiques, le social et l’environnement restant largement à la bonne volonté des Etats membres.

Une Europe focalisée sur les enjeux macroéconomiques et de concurrence

Les difficultés à apporter des solutions pérennes sur le changement climatique et la transition écologique sont les symptômes d’une Union qui n’a pas encore définitivement tranché sur ses priorités et les prérogatives dont elle souhaite se doter pour répondre au défi du siècle. L’Union économique et monétaire est aujourd’hui un pilier de l’Europe, un gage de stabilité. Malgré un Green Deal, très ambitieux sur le papier, l’UE ne dispose en réalité que de très peu de moyens pour en faire respecter les principes. La rigueur sur le contrôle des budgets ou de l’Etat de droit ne s’applique pas encore à l’environnement, rendant fictionnelle la transition de notre modèle.

Dans son discours de la Sorbonne en septembre 2017, le président de la République Emmanuel Macron défendait l’idée d’une Europe « chef de file d’une transition écologique efficace et équitable », chiche ! Certes, la Commission européenne a démontré ces dernières années sa volonté de se passer des énergies fossiles et de favoriser l’investissement dans les énergies décarbonées :  la directive Red III, adoptée en octobre 2023, a augmenté l’objectif de la part d’énergies renouvelables dans la consommation finale brute d’électricité de l’UE en 2030 à 42,5%, contre 32% auparavant. 

Pour autant, la France, comme d’autres, ne respecte pas les engagements qu’elle a elle-même pris dans le cadre de la programmation pluriannuelle de l’énergie et remet aujourd’hui en cause une partie des engagements pris par les Etats membres dans le cadre du Green Deal.

Pour un nouveau pacte de stabilité… écologique

Pour réussir la transition écologique, nous avons besoin d’être beaucoup plus ambitieux. La transition écologique doit être pensée et construite à l’échelle européenne, condition sine qua non pour garantir notre souveraineté énergétique et bâtir une industrie compétitive face à la concurrence mondiale. Pour ce faire, mettons en place un pacte de stabilité écologique, fixant des objectifs contraignants pour les politiques publiques européennes avec un haut standard d’exigence sans possibilité de régression par les Etats membres.

La transition écologique doit aider à défendre les citoyens contre les crises de demain. Seule une transition écologique pensée à l’échelle de l’Europe peut relancer l’industrie. Elle devra non seulement être respectueuse de l’environnement, mais aussi de ses salariés, garante de souveraineté et d’emplois pour aujourd’hui et pour les générations futures.  

Lorsque qu’on connait les liens directs entre résilience économique et changement climatique, une évolution institutionnelle parait indispensable.

C’est l’orientation générale de la construction européenne qui doit être requestionnée. Jacques Delors, comme président de la Commission européenne, poussait pour une Europe marchant sur deux jambes : l’économie et le social. Il y a urgence à ne plus oublier l’environnement !

 

Roy MAHFOUZ, président-fondateur

EN SAVOIR PLUS ? NOUS CONTACTER